Une itinérante dort sur les trottoirs, au pied des boutiques d’une rue passante. Elle subsiste par la mendicité. Elle a perdu la garde de ses deux jeunes enfants, il y a plusieurs années. On nie jusqu’à sa maternité : on dit à ses enfants que cette femme est une grande sœur éloignée plutôt que leur mère.
Elle les a perdus comme ses parents l’ont perdue.
« As-tu des enfants? », demande-t-elle, cherchant à savoir si je la comprends.
Je demeure silencieux.
« Mes enfants sont ma plus belle erreur », dit-elle, les yeux plantés dans les miens.
Sur son corps, leur nom maladroitement tatoué.